Voici le premier, publié le 20 juin 2017.
Une anthologie dont le thème principal est la catastrophe en tout genre, c'est un autre recueil de nouvelles de S-F (?) qui s'inscrit comme Dangereuses visions, dans un contexte de New Wave. En lisant cette anthologie, je comprends que la S-F devient un thème du n'importe quoi qui est un peu fantastique et même du n'importe quoi qui a un ombre laissant croire que ça ne peut pas être expliqué à 100%. Les nouvelles sont intéressantes et plus "dérangeantes" que dans Dangereuses visions (tome 1 seulement lu).
1 - James Graham BALLARD, Catastrophe (The Air Disaster), 9/10, un journaliste doit documenter le crash d'un énorme avion dans une région reculée. Personne connaît l'endroit exact de l'écrasement, à force de poser des questions notre journaliste s'enfonce de plus en plus loin dans les montagnes à la recherche de l'avion et des cadavres. Sur son chemin, il rencontre les habitants, qui à mesure qu'il s'enfonce dans la nature, deviennent plus pauvres, moins instruits et plus bizarres. Puis, il croit arriver enfin à destination, les habitants parlent à peine le français, mais à son grand désarroi, il comprend qu'on l'a mal informé. En effet, il découvre le crash d'un vielle avion de la dernière guerre et évidemment aucuns cadavres. Le journaliste se fâche, donne de l'argent aux habitantes à contrecoeur, mais après tout se chemin, c'est légitime. « Pas le bon ! Ne comprenez-vous donc pas ? Il devrait y avoir des corps partout, des centaines de cadavre... ! » p.18 Les bons habitants comprennent le mot "cadavre" et ils sont supers pauvres...
2 - Thomas Michael DISCH, Le Maître du retable de Milford (The Master of the Milford Altarpiece), 7/10, une histoire que n'ai pas bien compris malgré mes efforts. J'ai cherché à mieux la comprendre en relisant certains passages et j'ai compris que la catastrophe c'est de passer sa vie aimer et apprécier et de la finir d'une manière inattendue, comme dans ce cas-ci exécuté dans un contexte de peine de mort. Sauf que, il manque tout le milieu de la vie de l'individu, on ne sait pas pourquoi la société décide de le tuer, j'ai cherché ce que le personnage, un pauvre auteur de S-F, aurait fait de mal, mais je n'ai rien trouvé.
3 - Gavin EWART, L'Invasion sexuelle de l'Angleterre (The Sexual Invasion of England), 7/10, C'est un récit super-méga sexuel... où est le rapport avec la S-F ? Elle se retrouve dans le fait que la population anglaise (incluant la Reine et le Roi) accepte sans aucunes réticences de se faire violer par tous les côtés et par tous les orifices existant sur un corps humain. Le fantasme pur d'un obsédé, qui s'imagine une population complète qui passe ses journées à copuler partout avec tout le monde. « ... leurs femmes, surprises et interloquées [...] dont les vies empestaient la prudence et l'ennui profond - furent violées et ravies dans toutes les positions imaginables, avec toutes les variations possibles de rythme et d'intensité. Courbées sur les chaises, elles furent prises par-derrière. Elles furent battues avec des brosses à cheveux, des fouets à chien, des chaussures à haut talon, dans un symphonie de sadisme et de masochisme. Elles montèrent sur leurs amants comme des proues de navires ; les léchèrent comme des chiennes ; expérimentèrent les positions les plus incroyables ; firent assurément l'amour de plein coeur, donnant libre cours à leurs désirs les plus secrets, jusqu'ici cachés.» p.51
4 - Maxim JAKUBOWSKI, Il ne se passe vraiment rien d'extraordinaire (She came in through the bathroom window), 7/10, Un homme qui souffre de schizophrénie habitant dans un blockhaus près de la mer, rencontre une infirmière avec qui il tombe amoureux. L'amour est réciproque et le guérit de ses hallucinations de robots et de trou dans l'espace-temps. Mais le bonheur est de courte durée, un jour il lui fait l'amour violemment et elle le quitte. Il retombe alors dans ses délires.
5 - Emma TENNANT, La Fêlure (The Crack), 7/10, Un récit inégal, on se demande où l'auteur nous amène, les personnages sont pas clairs, ils viennent et ils partent, sans avoir eu un effet sur le déroulement de l'histoire. Même si la terre craque et que les bâtisses s'écroulent, les personnages continuent leur vie, à la recherche de je ne sais pas quoi. Je suis sévère avec cette nouvelle, mais elle se lit bien, elle est bizarre mais sa fin ne l'est pas, la fin est seulement incongrue, ce n'est pas vraiment une fin, juste la signe que l'étrangeté des comportements humains continu.
6 - Andrew TRAVERS, A l'intérieur du cube (Inside the cube), 6.5/10, Un autre récit que je n'ai pas trop compris la logique, mais je crois que c'était le but justement. Un prisonnier subit des genres de tortures mentales hallucinogènes. Donc, le récit nous fait voyager dans le mental perturbé du personnage. À un certain moment donné, le personnage croit qu'il est un ver, j'ai trouvé que c'était la meilleure partie du récit. Pendant qu'ils mangent les livres, les vers s'instruisent. « Puis, lorsqu'il a assez appris, on le coupe en deux et les deux moitiés commencent à se spécialiser. Puis on le coupe de nouveau en deux pour les spécialiser encore plus, et l'on répète le procédé jusqu'à ce que l'espèce des vers puisse se vanter d'avoir un spécialiste de chacune des disciplines humaines. [...] il en résulterait une dilution accrue de la connaissance jusqu'à un point où l'espèce redeviendrait aussi ignorante qu'au début.» p.154-155
7 - Michael MOORCOCK, La Montagne (The Mountain), 7.5/10, Un récit quand même banal sur la fin du monde. Il n'existe presque plus d'humains sur terre, on suit deux hommes qui se baladent vers le nord, la pire place à aller selon moi si c'est la fin du monde. L'un des hommes suit les pistes qui selon lui, sont d'une femme tandis que l'autre ne pense qu'à s'évanouir pour mourir tranquille. Bref, le premier a l'espoir de recommencer la civilisation, tandis que l'autre n'y croit plus.
Cette anthologie respecte vraiment le thème de la catastrophe, il est utilisé et analysé de manière très originale et diversifiée. Une catastrophe n'est pas nécessairement un accident, elle peut résulter aussi d'un mauvais choix de vie. La catastrophe c'est un retour en arrière, la perte d'un bonheur, une fin inattendue qui ne correspond pas à la vie menée, une fin qu'on ne méritait pas. C'est croire que nous étions sauvés et libérés et comprendre deux minutes plus tard que c'est loin d'être le cas. La catastrophe c'est la perte de tout espoir, même si celui-ci pourrait nous sauver. Chacun des récits de cette anthologie termine sur une pointe négative, aucun des personnages s'en sort indemne et la société telle qu'on l'a connue, n'existera plus jamais.