John Steinbeck

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Guy Bonnardeaux
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John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

Notre ami Jerk avait pas mal évoqué et avec enthousiasme, Steinbeck dans la rubrique Un livre... pages 8 - 9 et j'y pensais ce samedi lorsque j'ai visionné une émission copiée sur ARTE et consacrée au voyage à travers l'Amérique de l'auteur avec son chien Charley, en mobile-home ( une voiture arrangée ) et dont il a tiré un grand livre, Travels with Charley: In Search of America ...https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_avec_Charley que je n'ai pas lu mais vais m'empresser de rechercher.

Steinbeck fait ce voyage à un moment particulier de sa vie et compte ainsi aller à la rencontre des gens ordinaires, des petites gens comme on dit, ceux que le grand rêve américain a laissé sur le bord de la route et qui vivent dans des conditions plus ou moins ( souvent moins ) acceptables. Il s'intéresse aux autres aussi, ceux qui ont réussi, mais il accorde beaucoup de tendresse à ceux pour qui la débrouille est une obligation...

Du coup, puisque je suis en convalescence, j'ai repris celui-ci, un Steinbeck que je n'avais pas encore lu alors qu'il est dans ma bibliothèque depuis bien longtemps et dont le titre avait été évoqué aussi dans Un livre... :
ImageImage Editions France Loisirs, 2009

L'auteur situe le quartier de Tortilla Flat issu de son imagination sur les hauteurs de Monterey :
Image c'est là que se sont repliés selon lui les paisanos, les anciens habitants de Monterey depuis l'arrivée de toute une série de nouvelles communautés italiennes, chinoises, ... qui vivent de la pêche ( Cannery Row, Rue de la sardine, autre livre de l'auteur )... Ces lieux ne se trouvent pas très loin de Salinas où naissait l'écrivain en 1902...

Tortilla Flat raconte avec beaucoup d'humour l'histoire d'une bande d'amis, sans emplois, dépenaillés, qui vivent de pas grand-chose, de petits boulots parallèles et de petites rapines... Pilon, Pablo Sanchez, Jesus-Maria, le Pirate et ses chiens, Big Joe Portagee.... vivent tous dans une des deux maisons héritées par leur ami Danny, un dur au grand coeur. La première maison disparue dans un incendie, tout le monde, y compris les chiens, trouve un toit dans la seconde, celle qu'occupait Danny seul jusque là et cela ne pose aucun problème à personne.

Le livre raconte les aventures souvent burlesques du groupe dont l'une des activités principales est de se procurer les gallons de vin qui rythment la vie. De toutes leurs expériences, les personnages tirent des leçons et philosophent entre eux sous la direction du fin et malin Pilon...

C'est un livre qui parle d'abord d'amitié et de sentiments. On ne s'ennuie jamais à sa lecture et ce qui n'est pas négligeable, on est amené à réfléchir sur le matérialisme, la liberté et le monde tel qu'il est devenu...

John Steinbeck a écrit de grands livres ( A l'Est d'Eden, Les Raisins de la Colère, Des souris et des hommes,... ) dont beaucoup ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques à succès.

En 1939, il avait reçu le Prix Pulitzer pour Les Raisins de la Colère ( Grapes of Wrath ) et en toute justice, selon moi, il était honoré du Prix Nobel de Littérature en 1962.

On ne peut être déçu, à mon sens, par un livre de cet écrivain d'exception qui apporte du bonheur au lecteur...

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

Je dois recevoir toute une série de romans de Steinbeck dont certains lus il y a longtemps et que je ne possédais plus. J'en reparlerai ici, cela fera sans doute plaisir à mon ami Jerk

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Bad Girl
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Re: John Steinbeck

Message par Bad Girl »

Tortilla Flat, un super bouquin !
"Comment savez-vous que je suis folle?" demanda Alice.
"Il faut croire que vous l'êtes, répondit le Chat; sinon vous ne seriez pas venue ici."

Image

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

Je viens de relire - pas mal d'années après la première découverte - ce livre qu'avait évoqué notre ami Jerk dans Un livre... ( rubrique LE BAR ) :
Les Naufragés de l'Autocar
John Steinbeck
Paru chez Gallimard en 1949
Titre original The Wayward Bus
Traduction de Renée Vavasseur et Marcel Duhamel
Folio n°861
ImageImage Avec cette magnifique couverture montrant un détail d'une toile du merveilleux peintre ( pour ce qui me concerne ) Edward Hopper, oeuvre datant de 1940 et portant le titre Gas ( Essence )

Un film a été tiré de ce roman en 1957 avec Joan Collins, Jayne Mansfield, Dan Dailey, ...
Image L'histoire que raconte Steinbeck ne pouvait d'ailleurs que prêter son scénario au cinéma tant elle est humaine et ancrée dans la vie. Les personnages sont vrais, représentatifs de la société du temps et bien dans leur époque.

Dans un bled perdu de Californie, un autocar sous la responsabilité de Juan Chicoy, mi-mexicain, tombe en panne ce qui oblige les voyageurs à passer une nuit d'orage dans le commerce pompe à essence/relais/ restaurant de route de Chicoy et son acariâtre, jalouse et alcoolique épouse, Alice. Le couple, la serveuse à demeure et l'apprenti mécano de Juan, cèdent leurs propres chambres à un industriel en vacances avec son épouse et sa fille ainsi qu'à et un représentant de commerce. Arrivent ensuite par le Greyhound, une jeune femme attirante et un vieux râleur local. La plupart doivent rejoindre une agglomération plus importante pour y prendre un autre car vers Los Angeles.

Les premiers contacts au restoroute sont froids, distants et formels. Les personnages, leurs qualités comme leurs défauts, sont ainsi mis en place par l'auteur qui va subtilement les amener, au cours d'un voyage qui va suivre et s'avérer périlleux, à monter leurs différentes natures.

Les uns sont attachants, les autres moins mais ils ont tous un but à L.A. dont ils parlent entre-eux puisqu'ils sont bien obligés, dans le car, à se dévoiler quelque peu. Le véhicule va se trouver immobilisé en pleine cambrousse où ils vont demeurer bloqués pendant des heures.

Ce sont ces heures qui vont les mettre tous à jour et qui vont révéler qui ils sont, leurs envies, leurs désirs, comment ils se comportent dans la vie et l'adversité.

Des amitiés et du respect vont finalement naître, de l'amour aussi quand Juan Chicoy va un temps les abandonner, sous prétexte de chercher du secours et sera tiraillé entre l'envie de tout laisser tomber pour gagner le Mexique et y refaire sa vie ou revenir pour les mener à bon port.

Et puis, quand l'un d'entre eux risquera sa vie, ils vont tous se serrer les coudes pour sortir de l'ornière et rejoindre au plus vite un hôpital qui pourra peut-être encore sauver le malheureux.

C'est un grand livre, une étude psychologique passionnante avec des personnages qui ne le sont pas moins et de "images" d'Amérique comme cette station essence et sa porte moustiquaire, ce vieux car argenté et chez tous le rêve américain de la réussite ou le miroir aux alouettes d'Hollywood.

J'espère que Jerk lira ce petit compte-rendu car je sais qu'il a aimé ce livre et qu'il aime aussi, à juste titre, le grand John Steinbeck...

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jean-luc
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Re: John Steinbeck

Message par jean-luc »

Un merveilleux roman, une superbe illustration de couverture et un film que je n'ai jamais vu!
Merci Guy pour cet avis sur ce livre!

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

Je poursuis mes (re)lectures de Steinbeck avec bien du plaisir, j'y reviendrai...

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

La coupe d'or
Titre original Cut of Gold
1929
Sorti aux Editions Gallimard en 1952
Traduction de Jacques Papy
Folio n°3073
ImageImage C'est le premier roman de John Steinbeck sorti en 1929 et dont l'accueil lui a donné le goût de l'écriture.

Le livre raconte, en respectant les événements historiques, l'histoire du boucanier/corsaire/pirate Henry Morgan, 1635-1688 qui fut un temps considéré comme étant le roi de la Jamaïque.

Parti à 15 ans de son Pays de Galles natal pour les Antilles, Morgan y fut d'abord vendu comme esclave dans une plantation pour une durée de 5 ans.

Séjour qui ne s'avéra pas éprouvant pour lui, bien au contraire puisqu'acheté par un homme bon féru de littérature et de science qui passait plus de temps dans sa bibliothèque que dans ses champs et qui prit le jeune Henry sous son aile. Pour l'éduquer et en faire un héritier.

Ce que le jeune refusa, décidé à devenir boucanier et même pirate pour s'enrichir parmi les Frères de la Côte, aux dépens des Espagnols omniprésents dans la région.

Il y réussit au prix d'innombrables batailles navales ou terrestres, mises à sac de villes sans respect pour la vie humaine.

Son plus grand exploit fut la prise de Panama à l'issue de laquelle il fit main basse sur le butin, abandonnant la plupart de ses hommes aux représailles, aux dangers des jungles, à la famine...

Conduit auprès du roi en Angleterre, sa popularité lui valut d'échapper à l'échafaud et d'obtenir le titre de baronnet pour terminer gouverneur de la Jamaïque où il mourut dans son lit.

Le roman de Steinbeck, particulièrement bien écrit pour une première oeuvre, est passionnant et dresse un portrait en deux temps du personnage.

D'abord celui du jeune homme assoiffé d'aventures et encore humain qui gagne les Antilles pour y réaliser ses rêves. Celui ensuite d'un pirate sanguinaire, à l'affut constant de richesses et de pouvoir qui, une fois, ses désirs réalisés, s'ennuie dans son palais et n'est plus que l'ombre de lui-même tout en demeurant intraitable et sans pitié.

Un livre à lire assurément car il présente une facette peu connue du talent de Steinbeck, le roman d'aventures. Steinbeck, un écrivain que nous connaissons surtout comme porte-parole du "petit" peuple de Californie, des gens pauvres, de la colère des Okies, ...

A noter que Morgan est évoqué sur deux chapitres dans le MJ n° 68, Les Compagnons de la Flibuste de notre Henri Vernes...
Image
Modifié en dernier par Guy Bonnardeaux le dim. 17 oct. 2021 17:13, modifié 2 fois.

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

En un combat douteux...
John Steinbeck
1936
Titre original : In Dubious battle
Version française Gallimard, 1940
Traduction de Edmond-Michel Tyl
Folio n°228
ImageImage
Tout autre chose avec ce roman social situé entre les deux guerres et qui porte bien la marque Steinbeck.

L'écrivain y raconte le combat des ouvriers saisonniers engagés pour la cueillette des pommes dans les vergers de la vallée de Torgas que l'on peut situer en imagination en Californie.

Une vallée aux mains de quelques gros propriétaires qui y font régner leur propre loi et exploitent sans vergogne les travailleurs saisonniers. Le sujet ne me parait d'ailleurs pas démodé quand on évoque le sort de certains de ces saisonnier de nos jours encore...

La saison commence mal puisque les dits propriétaires ont décidé de réduire les salaires des cueilleurs de fruits, mécontentant évidemment ces derniers qui se disent aussi que la cueillette terminée, ils partiront pour celle du coton et que les cotonniers, informés du coup de force des propriétaires de vergers, feront sans aucun doute la même chose et sous-paieront la main d'oeuvre.

Une grève est donc décidée et des centaines de travailleurs, leurs familles, leurs vieilles guimbardes et le peu qu'ils possèdent se regroupent, bien décidés à ne pas se laisser exploiter plus longtemps.

Doc et le jeune Jim, communistes convaincus, reds, se joignent à l'action pour l'encadrer et l'organiser dans un champ prêté au départ par le fermier Anderson, un propriétaire dissident, endetté, dont les biens sont convoités par le groupe des nantis.

Le but des deux militants est noble puisqu'ils partent du principe louable et respectable qui veut que tout homme puisse manger à sa faim et que tout travail mérite un salaire convenable. Derrière cet humanisme, il y a malgré tout le souhait de faire parler de l'action, de susciter des sympathies et, in fine, de recruter des adhérents.

Les deux hommes sont aidés par Dick, un pourvoyeur-né, dénicheur de nourritures et de matériel qui agit en dehors du camp ainsi que le docteur Burton, dit Doc, dont la tâche est de veiller au bon état sanitaire des lieux et bien entendu à la santé des hommes et des femmes qui les occupent.

Les propriétaires peuvent compter sur le shérif et ses hommes ainsi que sur des groupes de vigilants, une milice brutale, des tueurs qui prennent plaisir à "casser" du gréviste et bien évidemment du red.

Pour mener à bien la récolte en dépit de la grève, des travailleurs d'ailleurs seront embauchés pour prendre le relais et ce sera évidemment le détonateur d'événements violents et tragiques...

C'est un très beau livre, construit de manière totalement différente de La coupe d'or par exemple car ici, de belles descriptions de la nature environnantes mises à part, la trame est essentiellement constituée de dialogues entre les protagonistes et les pages du roman se tournent à la manière dont se déroulerait sur un écran le film des événements racontés.

Le roman est passionnant, de bout en bout, jusqu'à son dénouement dramatique. On pense un peu à Zola et Germinal par moment, ce qui n'enlève rien au grand talent de John Steinbeck.

Une adaptation cinématographique a été réalisée en 2016 par James Franco mais je n'ai pas vu ce film.

Cette histoire nous mène tout naturellement au combat des Okies de l'Oklahoma à la même époque et donc à Grapes of Wrath, Les raisins de la colère, dont je vous parlerai prochainement, en espérant que ces petits comptes rendus sans prétention, dans lesquels je raconte mes (re)découvertes et passions, suscitent quand même un peu d'intérêt et donnent envie de (re)lire ces livres...

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jean-luc
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Re: John Steinbeck

Message par jean-luc »

Il est certain que tes critiques, mon cher Guy, sont passionnantes et passionnées. Chaque rubrique donne envie de nous plonger dans la lecture... mais je n’ai pas la capacité de lire autant de livres (5 à 6 par mois en moyenne).
Steinbeck est un grand et merite, sans conteste, ces louanges !

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Guy Bonnardeaux
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Re: John Steinbeck

Message par Guy Bonnardeaux »

Merci cher Jean-Luc, c'est gentil et j'apprécie beaucoup ton intérêt.

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